jeudi 3 février 2011

A la Poursuite d'Octobre Rouge, de John Mc Tiernan

A la poursuite d’Octobre Rouge, confrontation de l’œuvre à la fiction



Le film A la poursuite d’Octobre Rouge s’inspire de l’œuvre littéraire du même nom de Tom Clancy. Le commandant Ramius (Sean Connery), le meilleur sous-marinier de l’URSS, échappe au contrôle de Moscou au cours d’une mission. Il est aux commandes d’Octobre Rouge, un sous marin de type révolutionnaire, qui dispose d’un nouveau système de propulsion furtive, grâce à des chenilles dissimulées dans ses flancs. De cette manière, les ordinateurs américains embarqués dans les sous-marins américains détectent un bruit parasite naturel océanique. Ramius comprend qu’il peut profiter de ce système pour passer à l’Ouest. Il prévient ses supérieurs à Moscou par une lettre, afin de s’interdire la moindre hésitation. Ainsi, l’URSS prévenue, va tout faire pour empêcher Ramius de livrer ce sous-marin aux États-Unis. Moscou prévient Washington qu’un commandant fou s’apprête à les attaquer. Ramius a l’expérience et la dextérité pour défier toute la marine soviétique. Sa grande crainte est de savoir si les américains ont compris sa véritable intention… La traque pour retrouver Octobre Rouge est lancée.
Porté à l’écran par John Mc Tiernan (Predator et les deux premiers volets de la série Die Hard), le film connait un vif succès aux États-Unis et dans le monde entier. Le duo d’acteurs principaux fonctionne à merveille avec Sean Connery (Haute Voltige, James Bond) en Marko Ramius et Alec Baldwin (rôles secondaires dans Pearl Harbor ou Aviator) en Jack Ryan. Le film reprend l’intrigue principale du roman de Tom Clancy. On jongle entre les trois sous-marins principaux de l’intrigue, Octobre Rouge, l’USS Dallas américain, et le sous-marin russe du commandant Borodine. Les décors sont inventifs, qu’il s’agisse de la coloration particulière et subtile de chaque intérieur de sous-marin à l’ingéniosité des scènes sous-marines d’Octobre Rouge (le modèle réduit du sous-marin était accroché par une douzaine de câbles dans un décor, de façon à représenter ses mouvements. L’effet de profondeur a été obtenu par des systèmes fumigènes et une légère retouche numérique). Il aura permis à Alec Baldwin de devenir une étoile montante de Hollywood.
Pour autant, quelques points noirs ont été relevé dans ce film : en premier lieu, même si l’intrigue est prenante et quelques (rares) scènes de tension nous donnent vraiment peur pour les protagonistes, on aurait aimé, après lecture du livre, retrouver quelques traces des intrigues secondaires du roman, comme peut être, les interventions des aviations américaine et russe qui auraient été l’occasion de créer quelques scènes d’actions bienvenues. Le film tel qu’il a été écrit par les scénaristes joue sur une intrigue de thriller, la tension est permanente. Cela nous convient aussi, finalement, car la vie de sous-marinier est déjà stressante en soi, mais encore plus quand on joue seul contre tous, c'est-à-dire contre toute la flotte ennemie, mais aussi la sienne, et à cela on peut y ajouter les aviations respectives ! En fait, Octobre Rouge, on l’aura compris, est dans le roman comme dans le film, un dangereux jeu de cache-cache dans une pièce noire où les joueurs ont un bandeau sur les yeux. Ils sont sensibles au moindre bruit, et se recherchent à tâtons.
Finalement, le film c’est ça : une intrigue passionnante, des rebondissements permanents et une tension permanente. Le problème qu’on peut lui reprocher, c’est que l’intrigue s’égare par moments dans des éléments qui n’apportent rien d’important à l’histoire, et qui durent en longueur. Je pense notamment à la scène où Jack est accueilli sur le porte avion et qu’on assiste au crash de l’un des avions militaires sur le pont même du porte-avions. La scène n’émeut tout simplement pas, malgré les messages désespérés que l’on entend entre les radios de l’avion et de la tour de contrôle. Il aurait mieux valu mettre une scène supplémentaire pour montrer les avions en opération et montrer le difficile retour qui s’achève par un drame. Primo, selon moi, on aurait eu une scène d’action supplémentaire qui aurait été très appréciée, et secundo, on aurait eu davantage de peine de voir le pilote écraser son avion sur le pont, car il avait été gravement touché.
Il y a aussi d’intéressantes scènes dans ce film : par exemple, la terrible scène de la première rencontre entre Octobre Rouge et le Dallas. Pour mémoire, Octobre Rouge vient de sortir de la passe des Jumeaux de Thor et entame le « Tour d’Ivan » (nom russe en référence à Ivan le Terrible), c'est-à-dire une manœuvre de tour complet sur place pour vérifier au sonar qu’aucun sous-marin ne l’a suivi. Or, précisément dans la zone morte du sonar - l’hélice - juste derrière se trouve le Dallas, qui a enfin trouvé la trace du sous-marin de Ramius. Toute la tension consiste à suivre le tour sur place d’Octobre Rouge, tandis que les marins du Dallas tentent d’immobiliser silencieusement leur sous-marin et retiennent littéralement leur souffle, pour ne faire aucun bruit qui puisse éveiller les soupçons du sous-marin russe, quant à leur présence. J’aime beaucoup aussi la tension qui se dégage implicitement de la scène finale, mais je n’en dirai pas davantage pour ne pas dévoiler la fin de l’intrigue.
A la poursuite d’Octobre Rouge disposait d’un budget assez restreint dont il reste néanmoins un excellent film d’aventures. La musique discrète renforce des scènes dramatiques efficaces. On est fasciné par le charisme de Sean Connery, décidément très à l’aise dans son uniforme de vieux loup de mer, tandis qu’on encourage Alec Baldwin qui cherche désespérément à prouver que le commandant Ramius cherche à passer à l’Ouest. Il reste un très bon film, intemporel.



A la Poursuite d’Octobre Rouge (The Hunt for Red October), de John Mc Tiernan, 1990

lundi 31 janvier 2011

The Reader, de Stephen Daldry

The Reader, une troublante histoire d’amour



Un autre film avec Kate Winslet, sorti également en 2008 aux États-Unis, et en 2009 a retenu mon attention. Il s’agit de ce troublant film, The Reader, de Stephen Daldry (Billy Elliot), avec dans les rôles principaux Kate Winslet (Titanic, Les Noces rebelles) et Ralph Fiennes (Lord Voldemort, dans Harry Potter, depuis La Coupe de Feu).
En Allemagne, en 1958, Michael Berg (David Kross), lycéen, tombe malade en rentrant de l’école. Il est recueilli par une femme âgée de 20 de plus que lui, Hanna Schmitz (Kate Winslet). Après le rétablissement de Michael, ils entretiennent une liaison d’un été. En dehors de leurs ébats, Hanna aime par-dessus tout que Michael lui raconte des histoires. Il lui lit l’Odyssée, Guerre et Paix, La Dame avec le petit Chien, les aventures de Tintin. Hanna était employée dans le tramway que prend Michael, et un jour, elle obtient une promotion. Sans rien dire, elle quitte son appartement. Michael est désemparé : il vient de perdre son premier amour de jeunesse. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que cette femme laissera sur lui une marque aussi indélébile que le tatouage des innocents de l’extermination nazie.
Hélas, la comparaison que je reconnais très dure, s’adapte pourtant à l’histoire de The Reader. Quelques années plus tard, Michael est étudiant en droit, en Allemagne de l’Ouest. Nous sommes en 1966.  Il est invité par l’un de ses professeurs à assister au procès d’un groupe de femmes qui ont été gardiennes de camp à Auschwitz. Parmi les gardiennes figure Hanna. Sans le savoir, elle se révèle à Michael, durant ce procès : Michael comprend qu’Hanna ne sait pas lire. Elle a refusé un poste de bureau chez Siemens pendant la Guerre, pour rejoindre les SS, car elle n’aurait pas eu à lire ou écrire. Hanna a honte de ne pas savoir lire. Lorsque le juge l’accuse d’avoir rédigé un rapport qui décrit les circonstances de la mort de 300 femmes juives dont Hanna et ses collègues avaient la charge, elle avoue, pour ne pas avoir à passer un test d’écriture devant la cour. Ses collègues l’ont abandonné : elles savent bien qu’Hanna n’a rien écrit. Ses collègues écopent de quatre ans de prison, Hanna de la prison à vie.
En prison, elle reçoit des cassettes envoyées par Michael, dans lequel il s’est enregistré lisant les histoires qu’il lui lisait durant sa relation avec elle. Hanna apprend peu à peu à lire et cherche à entrer en contact avec Michael. Mais celui-ci demeure distant, jusqu’au jour de la sortie de prison de Hanna, car son état de santé ne lui permet pas de rester une vingt-et-unième année en prison.
Ce film a quelque chose de dérangeant. Il magnifiquement interprété par Kate Winslet, qui nous émeut du début à la fin, et par l’acteur qui joue Michael adolescent et étudiant. Mais des troubles apparaissent dans le film du début à la fin : la relation étrange qu’entretiennent Hanna et Michael au début du film, le procès où l’on découvre Hanna : elle a reçu peu d’éducation, elle obéissait aveuglément aux ordres qu’on lui donnait. Cela en parallèle avec le cours de droit de Michael. Cette scène du procès ouvre de nombreuses questions auxquelles le film apporte des ébauches de réponses. Il est certain qu’on ne peut pas vraiment trancher ce genre de débats. Hanna doit-elle être pardonné d’avoir laissé mourir toutes ces personnes parce qu’elle ne savait pas lire et qu’elle a peu reçu d’éducation, donc elle obéissait aveuglément aux ordres de ses chefs SS ? Le droit et la morale peuvent ils êtres réunis lors d’un procès ? Ce sont autant de bonnes questions qui dérangent. Lors du procès le juge demande à Hanna : « Pourquoi ne pas avoir libéré ces femmes que vous teniez prisonnières dans l’église alors que le bombardement avait provoqué l’incendie de cette église ? » La réponse d’Hanna bouleverse par sa franchise : « Mais, si j’avais ouvert les portes, elles se seraient enfuies. Et moi j’en avais la garde. Je devais les garder avec moi. Comment auriez-vous fait à ma place ? ». Le Juge ne répond pas. Je réfléchissais à la solution miracle qu’Hanna aurait pu choisir, suivant le contexte historique et ses ordres. Mais le fait est, il n’y en a pas. Et ça dérange. Parce que 300 femmes ont péri cette nuit là. Et Hanna n’éprouve aucun remords parce qu’elle obéissait à des ordres. Et ce qu’on trouve dérangeant, c’est qu’on voudrait bien la prendre en pitié, parce qu’on comprend qu’elle est faible, qu’elle a honte de ne pas savoir lire, ce qui de nos jours est une base intellectuelle. Elle est manipulée facilement, comme le procès l’a montré. Pourtant, il faut dire qu’elle est responsable de la mort de ces innocents.
L’une des dernière scènes du film aussi m’a dérangé, mais je crois que c’est parce que je n’en ai pas compris le sens : Hanna donne à Michael (Ralph Fiennes, lorsque Michael est adulte) les maigres économies qu’elle a fait en prison pour qu’il les remette à la seule rescapée de l’église, afin qu’elle en fasse ce qu’il lui semblera bon. En fait, ce qui met mal à l’aise dans cette scène où cette rescapée reçoit Michael, c’est qu’on est dans un appartement au cœur de New York, dans un immense appartement qui déborde de luxe et de superflu. Cela est suggéré par la vision qu’à Michael. Et en fait, cette seule introduction fait qu’on a du mal d’aimer la rescapée pour son destin, lorsque Michael lui parle. On sait que cette rescapée a souffert, mais on l’imagine seulement, parce que son apparition au procès est courte, parce qu’elle se montre hautaine à Michael et qu’elle est installée à son aise dans un appartement qui sent l’argent jusque dans les narines du spectateur. Et en parallèle, nous avons suivi le destin de Hanna, qui a vécu en prison, qui reste débile toute sa vie, au sens de la raison.
The Reader est un film très hollywoodien. Les décors sont somptueux, le scénario fouillé, on jongle dans les époques de la vie de Michael. L’histoire ne perd en rien de son intensité, cependant. David Kross et Ralph Fiennes parviennent tout à fait à nous attacher au personnage de Michael, qui demeure fidèle à lui-même, quelle que soit l’époque de sa vie. Il a le même caractère, les mêmes expressions. La photographie légèrement grisâtre métaphoriquement et l’on se sent immergé dans l’Allemagne coupée en deux. Les plans de caméras quoique complexes et hollywoodiens ont un-je-ne-sais-quoi de fadeur qui rappelle les films allemands de l’époque. Pour ma part, un détail « américain » m’a fâché : lorsqu’Hanna commence à apprendre à lire, le premier livre qu’elle ouvre est La Dame avec le petit Chien, de Tchekhov. Le titre est anglais, Hanna est allemande. Bon, on aurait aimé tout autant avoir le titre écrit dans sa langue maternelle, déjà qu’elle ne sait pas la lire.
Le film The Reader est tiré du best-seller de l’auteur allemand Bernard Schlink. Il reçu un avis partagé par les critiques. Il contribua à la nomination aux oscars de Kate Winslet qui confirme son talent d’actrice dramatique.



The Reader, de Stephen Daldry, 2008

samedi 29 janvier 2011

Les Noces rebelles

Les Noces rebelles… Dans le drame du conformisme



Récemment, j’ai vu le film Les Noces rebelles, de Sam Mendès (American Beauty, Away We go), qui réunit onze ans après Titanic, le couple Léo et Kate Winslet. On y retrouve également Kathy Bates, qui y incarnait Molly Brown. Le film s’inspire d’un roman Revolutionary Road, de Richard Yates, paru en français sous le titre de La Fenêtre panoramique.
Dans les années 50, aux États-Unis, Frank Wheeler (Léonardo Dicaprio) et sa femme April (Kate Winslet) ont tout pour former un ménage heureux. Frank travaille, April est mère de deux enfants et ils ont une ravissante maison dans Revolutionary Road. Le couple est si heureux qu’il cherche à tout prix à se différencier du conformisme de ses voisins, et à passer outre les conventions sociales. Malheureusement, les années passent, Frank s’aigrit car il reste prisonnier d’un job qu’il n’aime pas, April rêvent de projets impossibles. Bref, ils finissent par tomber dans le conformisme qu’ils ont toujours détesté, et cela sous les yeux mesquins de leurs voisins. L’avenir du couple est compromis.
Tableau assez peu réjouissant que dresse Sam Mendès de ce couple. On pourrait s’en douter en voyant Léo à l’affiche. Pour ma part, j’ai été ravi de les retrouver ensemble dans un film où leur histoire à quelque chose de moins passionnel et idéaliste que dans Titanic. Ici, on suit un couple aigri qui sombre dans la désillusion. Léonardo est un acteur qui a prouvé tout son talent de justesse et de profondeur qu’il donne à ses personnages depuis longtemps. De Titanic à Inception, ses rôles ont toujours été ceux d’hommes au passé obscurs et dont l’avenir est incertain. Les Noces rebelles n’y échappent pas. Il campe le rôle de Frank Wheeler, un gaillard fort en gueule qui compte sur son volontarisme pour survivre. Comme il prévient au début du film, il n’a pas un train de vie extraordinaire, il vit de petits boulots. Lorsqu’il rencontre April et qu’ils fondent une famille, il rejoint l’entreprise dans laquelle travaillait jadis son père. Kate Winslet lui donne la réplique. Elle aussi est étonnante de justesse dans le rôle d’April Wheeler, jeune femme qui rêve de fortune dans son métier de comédienne malheureuse (la pièce dans laquelle elle joue au début du film ne se couronne pas de succès auprès des spectateurs). Une fois devenue femme de Frank et mère de deux enfants, elle part en quête d’un idéal, d’une nouvelle vie dans laquelle elle pourra tout recommencer avec Frank et ses enfants, et pouvoir préserver ce qui est important pour elle : ne pas ressembler à ses voisins.
La façon de filmer est académique et très esthétique. Le cadre américain des années 1950 est joliment reconstitué. On voyage d’une grande ville américaine au théâtre, de la maison de Frank à son travail, qui passe par la gare. Les hommes en chapeau et les femmes en robe longue sont de mise. Les couleurs sont douces et les plans s’apparentent à des tableaux faits aux crayons de couleur. Bien qu’il s’agisse d’un drame, Mendès filme de manière très douce chacune de ses scènes, et on se sent finalement très vite emporté dans l’histoire, car chaque plan étant un tableau, on peut en parcourir chaque détail du regard. Le film prend le temps d’être révélé.
Autour du couple Wheeler gravitent un groupuscule de personnages secondaires qui donnent malgré eux leur contribution à la chute du couple principal. Celui qui m’a le plus marqué est le fils de l’agent immobilier, John Givings (Michael Shannon). C’est un homme d’une quarantaine d’années qui vient fréquemment rendre visite aux Wheeler an compagnie de sa mère, qui est agent immobilier. John est une sorte de malade mental dont on ignore la cause exacte, mais il doit être une sorte d’autiste. Il relance l’histoire à chacune de ses visites en lançant des réflexions plus ou moins objectives, qui heurtent souvent la sensibilité de Frank et d’April. Ceux-ci essayent chaque fois de se montrer courtois, mais après chaque visite, ils se remettent en question ou en cause, et cherchent à avancer dans une direction qu’a évoquée John. Cela peut les amener sur le chemin du pardon, et plus certainement sur la pente fatale…
En effet, la différence majeure entre Frank et April vient de leur psychologie : Frank est un homme blasé par son travail qui ne lui plait pas. Il est amoureux d’April, qui au fur et à mesure de l’histoire, l’abandonne. Il se débat en permanence dans le film pour tenter de sauver son couple, à fortiori sa famille puisqu’il est père. Toutes les méthodes seront bonnes, allant de la tentative de dialogue, à la soumission aux projets d’April, à l’adultère, pour la rendre jalouse. N’en demeure pas moins que le but recherché par Frank est de poursuivre le mieux du monde sa vie avec April.
De son coté, April est une jeune femme qui rêve d’une vie parfaite, au dessus des conventions, au dessus du conformisme, bien plus que Frank qui demeure finalement un être rationnel. Mère au foyer, elle décide de tout changer : elle veut emmener sa famille vivre en France, à Paris, où parait-il, les femmes gagnent plus que les hommes. Ce rêve s’appuie sur l’expérience de Frank, qui avait été soldat pendant la libération de la France, et qui garde un souvenir émerveillé de Paris. Ce rêve se transforme en obsession, car elle veut en imposer à ses voisins qui jugent ce projet d’un œil mesquin. Frank hésite à la suivre, le fera-t-il ? L’aigreur s’installe et bientôt, April sombre dans une sorte de folie pathologique, car ses désillusions l’affectent. Elle se sent prisonnière d’un destin sur lequel elle n’a aucune prise, aucun moyen de lutter pour le changer.
Les Noces rebelles est sorti en 2009. Il remporta la Golden Globe award 2009 du meilleur film. C’est la première fois que Sam Mendès (également Golden Globe du meilleur réalisateur) y dirige sa femme, Kate Winslet, qui remporta la golden globe de la meilleure actrice dramatique cette année, tandis que Léo y rafle la Golden Globe du meilleur acteur. Un immense succès pour ce film, fort mérité.



Les Noces rebelles (Revolutionary Road), de Sam Mendès, 2008

jeudi 27 janvier 2011

Sur la Route de Madison, une tendre histoire d'amour

Sur la Route de Madison, une histoire d’amour délicate



Hier après midi, j’ai décidé de regarder ce film, que je n’avais jamais vu, mais dont j’ai souvent entendu parler comme une des références des films de Clint Eastwood. En effet, ce film a le mérite de pouvoir faire partie des chefs d’œuvres du cinéma, selon moi.
Francesca (Meryl Streep, qui a reçu l’Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle)  est « épouse de guerre ». Elle vient de la région de Bari, en Italie du Sud. Elle a suivi son mari, alors soldat américain qui était venu libérer le pays pendant la Guerre, et elle se retrouve dans la terre promise qui la faisait tant rêver. Finalement, elle devient mère de deux enfants. Sa vie se passe sans aucune véritable distraction, dans une vie où il faut cultiver la terre de sa ferme, entre deux enfants devenus grands qui ne s’intéressent plus à elle, et son mari, homme correct et honnête, mais qui n’est pas assez attentif à ses désirs. La vie n’a rien de passionnant non plus. Les occupations des gens étant de vivre de la terre comme elle et sa famille, ou bien de jaser sur les femmes infidèles de la région.
Un jour que sa famille part pour un voyage de quatre jours à un marché dans l’Illinois pour y faire concourir un bœuf, Francesca fait la rencontre de Robert Kincaid (Clint Eastwood, très juste), reporter égaré dans lé région qui vient faire un reportage sur les ponts du comté pour le National Geographic. Elle l’accompagne au pont de « Roseman » pour qu’il puisse faire ses photos. Ils discutent, font connaissance. Robert est un grand voyageur, un esprit libre et sans attache, dont la philosophie simple en fait un être attirant. Une histoire d’amour se crée entre eux. Une belle histoire faite d’attentions simple et de délicatesse qui durera quatre jours.
Robert est un homme attentionné, prévenant et doux, qui la fait rêver, qui la fait exister. Il veut emmener Francesca avec elle. Elle refuse, mais c’est un sacrifice nécessaire, elle craint de l’avoir aimé passionnément pendant ces quatre jours, et que cette nouvelle vie avec lui soit faite de remords, qui gâcherait alors leur amour. Car elle est mère, et son mari, quoique distant n’en est pas moins honnête et gentil avec elle. Elle décide de rejoindre Robert le jour où elle sera veuve ou qu’elle divorcera.
Ce très beau film est une perfection dans la crédibilité de l’histoire et dans la pureté des sentiments exprimés. Cela me plait toujours de voir que les plus belles histoires d’amour au cinéma sont dans les films qui ont un tournage simple. Il n’y a pas eu un budget si gros pour ce film. Les caméras sont peu nombreuses par scène, les éclairages discrets. Au contraire, chaque scène est un tableau, une émotion douce qui dure, la lumière parait naturelle et captée dans les grandes plaines de l’Ouest. Le résultat est très prenant. Sujets sensibles, préparez les mouchoirs pour la fin.
Meryl Streep est absolument admirable dans ce film. C’est une femme que le destin a rendu timide et hésitante. Elle rêvait de l’Amérique, elle devient paysanne, la même que celle qu’elle aurait pu être en Italie, le niveau de vie faisant la différence avec les Pouilles. Cette histoire d’amour lui permet de s’épanouir en tant que femme. Cette histoire romantique est faite de respect pour l’autre, et de compréhension, de délicatesse et d’attentions.
Clint Eastwood atteint la perfection. Fidèle à ses habitudes, il arrive dans l’histoire, venu de nulle part. Il a tout de même un nom et un passé dans ce film. Il menait une vie à Chicago avec une femme. Leur relation s’est mal terminée car il aimait cent fois plus ses voyages et ses photos que rester dans un appartement à Chicago, sans bouger de chez lui. Il se revendique citoyen du monde, philanthrope et amoureux de la nature. Il a conscience qu’il va entrainer cette femme dans l’adultère. Cependant, il s’éprend de Francesca car il voit en elle cette femme simple qui a juste besoin d’attentions. Il n’y a pas vraiment de surfait dans cette histoire. C’est une histoire d’amour impossible, comme on les aime, mais qui ne tombe certainement pas dans le mélodrame. C’est un beau moment plein de charme et de tendresse.
Clint Eastwood pose ici le problème de l’amour vrai, de la femme au foyer qui demeure là au centre de la maison et qui est finalement enfermée, cloîtrée. Le débat de ce qu’il restera de cet amour, du risque de l’indifférence qui pourrait se créer si Francesca partait avec Robert, du retour à sa vie d’avant si elle reste. Il reste finalement un témoignage de cette aventure, dans un carnet où elle raconte toute son aventure à ses enfants. Le film est tiré du roman du même nom de Robert James Waller, paru en 1992, et qui s’est imposé d’emblée comme un best seller.



Sur la Route de Madison (The Bridges of Madison County), de Clint Eastwood, 1995

Gladiator, quand le chemin de la vengeance prend la forme d'une rédemption



Gladiator, le général qui devint esclave, l'esclave qui devint gladiateur, le gladiateur qui défia l'empereur



La première idée qui m’est apparue et que je souhaitais développer, après avoir longuement médité sur le film, est celle de la vengeance. Un thème pas très original, souvent évoqué dans la littérature ou dans le cinéma, mais qui me tient à cœur. J’ai choisi de l’aborder à partir du film Gladiator, de Ridley Scott (Blade Runner, Robin des Bois). De prime abord, on va me dire qu’il n’y a rien de très croustillant là- dedans, que le succès du film est certain et qu’on a dit là-dessus tout ce qu’il y avait à dire, et surtout sur le thème de la vengeance, puisque c’est le thème central du film. A-t-on tout dit, véritablement ?
L’histoire se passe en 180 après Jésus-Christ. Le général Romain Maximus vient de remporter une importante bataille en Germanie sous l’œil du César Marc-Aurèle. Celui-ci, approchant de la fin de sa vie, décide de confier la direction de Rome au général, afin qu’il redresse la ville éternelle de la corruption qui y règne. Maximus commence par décliner son offre, car son seul désir est de retrouver sa famille en Hispanie, et de toute façon, il n’a pas envie de mener une carrière politique. La nouvelle de cette succession parvient aux oreilles du fils de Marc-Aurèle, le cruel Commode, qui, se sentant trahi, assassine son père en l’étranglant, pour faire croire à une mort naturelle. Il se proclame alors César et demande à Maximus de se soumettre à son autorité. Ce dernier refuse, n’étant pas dupe de la mort de Marc-Aurèle. Commode décide alors de l’écarter du pouvoir : il commande qu’on assassine Maximus. Celui-ci parvient à s’échapper et s’enfuit chez lui en Hispanie pour mettre sa famille hors de danger. Mais les hommes de Commode l’ont devancé. Sa femme et son fils sont retrouvés brûlés et pendus devant leur maison. Maximus, arrivé trop tard, est capturé et transformé en gladiateur par Proximo, un homme qui dirige une troupe d’esclaves destinés aux arènes de l’Empire, aux quatre coins du monde romain. Dès lors, Maximus, loin de son ennemi, s’entraîne, et tâche par son habileté de retourner à Rome, où il prépare sa vengeance contre Commode.
Ce qui m’a intéressé dans ce thème de la vengeance est la façon dont le réalisateur, Ridley Scott, l’aborde. En fait, vengeance et mort sont deux thèmes qui cohabitent et sont étroitement liés pendant toute l’épopée tragique de Maximus. La mort est souvent suggérée, de façon plus ou moins explicite, par des séquences brèves qui jalonnent le film, où l’on voit Maximus caressant des blés qui se trouvent près de la porte du Royaume des Morts. Comme lui, nous sommes convaincus de sa droiture, et nous savons que ces blés sont ceux des Champs Élysées. D’ailleurs, comme il le rappelle juste avant la bataille au début du film, lorsqu’il harangue ainsi  ses soldats : « Si vous vous retrouvez tout seul, chevauchant de verts pâturages, avec le soleil sur le visage, n’en soyez pas troublé, car vous êtes au Champs Élysées, et vous êtes déjà mort ! », la mort se crée à travers le film par différents procédés. On passe d’une image moquée cyniquement par le soldat qui refoule sa crainte d’être tué pendant la bataille à une mort abordée toujours par Maximus, mais à travers le thème du film de la vengeance. Le deuxième mouvement de la mort, dans Gladiator, passe par la quête de vengeance de Maximus, résolu à châtier Commode, le responsable de la mort de sa femme et de son fils. Lorsque Maximus gagne le public romain, et que l’empereur Commode lui demande de se présenter, Maximus, alors surnommé « l’Espagnol » par le peuple de Rome, lui décline sa véritable identité : « Mon nom est Maximus Desimus Meredius, commandant en chef des armées du Nord, général des légions Phoenix, serviteur du vrai empereur Marc-Aurèle, père d’un fils assassiné, époux d’une femme assassinée, et j’aurai ma vengeance. Dans cette vie. Ou dans l’autre. » Dès lors, le rapport à la mort change. Elle n’est plus tournée en dérision comme au début du film lors de la bataille face aux Germains, elle prend cette fois-ci la dimension d’une quête. Elle devient noire et au service d’une cause sinistre. Durant tout le film, Maximus ne craint pas la mort. Il croit en la droiture de sa vengeance, et en la renaissance dans le Royaume des Morts. La vengeance n’est pas pour lui un moyen d’atteindre une récompense, non. C’est un devoir de justice à rendre. Il a une attitude stoïque face à la mort. Il attend qu’elle vienne à sa rencontre à l’issue de sa vengeance. D’ailleurs, à la fin du film, lorsque Commode décide d’en finir avec lui et le provoque au combat dans l’arène du Colisée, l’échange glacial entre les deux principaux protagonistes en dit long sur leur sentiment de la mort :
« - Maximus, Maximus, ils te réclament. […]. Maintenant le peuple veut savoir comment elle se termine [l’histoire de Maximus]. Et quelle plus belle fin qu’une mort illustre, quoi de plus glorieux que de défier l’empereur lui même dans la grande arène ?
-          Tu te battrais avec moi ?
-          Pourquoi pas ? Tu crois que j’ai peur ?
-          Je crois que tu as eu peur toute ta vie, altesse.
-          Contrairement à Maximus l’invincible, qui ne connaît pas la peur ?
-          J’ai connu un homme qui disait : la mort nous sourit à tous. Tout ce qu’on peut faire, c’est de lui sourire en retour. »
Tout le film nous fixe sur le rapport à la mort de ses personnages. Ici, on peut voir que Commode se défie de sa peur, mais qu’en réalité, il a peur de mourir. Maximus, lui, se doute de ce que peut coûter le meurtre de l’empereur, fût-il détesté du peuple romain. C’est pourquoi il se fait une idée plus moralisatrice de la mort. Il ne vit que pour se venger. La mort de Commode est censée  permettre à Maximus de sentir le devoir accompli. La morale est sauvée, même si Maximus doit mourir après l’empereur pour l’avoir tué.
Dès le début du film, le parti pris de Ridley Scott sur l’issue de cette vengeance est clair. Maximus ne doit pas survivre à cette vengeance. Et sa mort constitue un intérêt tout particulier dans le thème de la vengeance. Certes, il tue Commode, mais comme il meurt lui aussi dans le même combat, il est intéressant de faire le bilan post-mortem de leur combat : Commode tué, provoque la liesse de la foule qui est enfin libérée de son joug et de son régime qui engendre la corruption parmi les sénateurs du sénat de Rome, et par là même la décadence qui règne dans Rome. Maximus, déjà adoré de la foule pour sa dextérité de gladiateur, n’est guère applaudi et pleuré par la foule. On a plutôt l’impression que les gradins se vident, après la liesse de la mort de Commode. Du moins, c’est la vision que donne Ridley Scott. En revanche, la scène récurrente de tout le film où l’on voit Maximus approcher de la porte du Royaume des Morts prend tout son sens dans la dernière scène : enfin, il franchit cette porte qu’il a tant imaginée dans ses rêves, enfin il s’est vengé de son ennemi juré, enfin il retrouve sa femme et son fils. Et voilà le beau dénouement que donne Ridley Scott à son film, quoique tragique. En effet, qu’aurait apporté à Maximus une victoire contre Commode ? Rien de plus que de s’être vengé. Sénèque avait coutume de déclarer à ceux qui cherchent la vengeance : « Il est préférable de guérir l’offense plutôt que de la venger. La vengeance prend beaucoup de temps, elle expose à bien des offenses. »
Est-ce que cette dimension de morale à la vengeance constitue une évolution de la pensée occidentale ? Dans le cinéma standard américain, les héros qui ont besoin d’une vengeance se font justice eux-mêmes. Ils tuent leurs ennemis et le film s’arrête là-dessus, en nous faisant croire dans un épilogue souvent surfait que la vie reprendra son cours normalement ensuite pour le héros. Les Chinois ont aussi un proverbe sur la vengeance, ignoré d’Hollywood, visiblement, jusqu’à Gladiator : « Quand tu veux te venger, tu dois creuser deux tombes : une pour ton ennemi, et une autre pour toi ». Dans Gladiator, cette fin est subtile. La vie reprendra ses droits après la vengeance, mais dans l’au-delà. La vengeance doit avoir un idéal qui dépasse la violence. Dans le cas du film de Ridley Scott, la vengeance, la mort, ne sont qu’un tremplin vers le monde des Morts, une quête de l’éternité.



Gladiator, de Ridley Scott, 2000

On ne se fait pas 500 millions d'amis sans se faire quelques ennemis

The Social Network : la terrible genèse de Facebook

Le film commence par un admirable dialogue de sourds entre Mark Zuckerberg (Jesse Eisenberg, parfait), le fondateur de Facebook, et sa copine, en train d’énoncer les motifs de sa rupture. La seconde scène est centrée sur le personnage de Zuckerberg, déambulant seul après la rupture, dans le campus d’Harvard. Deux scènes très sobres par leur construction mais qui annoncent d’emblée la tragédie moderne qui va être présentée dans The social Network.
L’accroche du dernier film de David Fincher (Fight Club, The curious case of Benjamin Button) en dit long : on ne peut pas avoir 500 millions d’amis sans se faire quelques ennemis. Et en effet, l’intrigue du film, en apparence peu intéressante – puisque le film relate la genèse du réseau social le plus connu au monde – explore les profondeurs de l’âme humaine, et jusqu’où elle peut aller pour obtenir la reconnaissance, la gloire, ou seulement, comme ce fut le cas pour Zuckerberg, sortir de sa solitude.
Personne ne sort indemne de ce film. Les trahisons et les ruptures s’enchaînent. Fincher présente son film en mélangeant à la genèse de Facebook les deux procès intentés contre Zuckerberg. Cela renforce l’intensité du rythme du film sans toutefois perdre le spectateur, puisqu’il trouve chaque fois des réponses aux questions laissées en suspens. Et cela ajoute du piment à relater cette naissance difficile, et solitaire, du réseau social le plus populaire, qui a été créé – comble du paradoxe – par un individu particulièrement asocial.
Jesse Eisenberg est simplement parfait dans le rôle de Mark Zuckerberg. Il campe le personnage d’un être solitaire, qu’on aime à détester durant tout le film, mais qui surprend par son génie, ses répliques qui font tout le temps mouche. Il vit dans un monde qu’il se crée et dans lequel il s’enferme. Il va jusqu’au bout de son idée, même si elle doit l’amener à des sacrifices qu’il n’imaginait pas devoir faire. Il devient l’ennemi numéro 1 de Harvard, il perd son meilleur ami, Eduardo Saverin (Andrew Garfield, le prochain Spiderman) qu’il renvoie du projet, sans état d’âme, alors qu’il était co-fondateur de Facebook, celui-ci étant d’ailleurs le seul personnage vraiment positif du film. Fincher le détaille à sa manière : Eduardo est le seul personnage dont on connaisse les sentiments. Ce sont essentiellement des questions qu’il se pose, car il a conscience du caractère ambigu des autres personnages. En cela, il est positif car on peut ainsi voir qu’il a un « bon fond », à l’inverse de son ami Zuckerberg. Ce dernier est également rongé par l’idée de se trouver mis à l’écart des clubs branchés d’Harvard en raison de son trop petit porte-monnaie. Créer un site comme Facebook est pour lui la chance  inespérée de devenir populaire et riche. En dépit de ce portrait repoussant, on trouve Mark Zuckerberg par moments attachant, car on se rend vite compte qu’on suit l’itinéraire d’un paumé, perdu entre le confort de l’adolescence et les premiers pas tourmentés dans la vie d’adulte.
Dans The social Network, David Fincher ne suit plus, suivant le schéma ses précédents films, le développement d’une thèse, d’une antithèse puis une synthèse autour du sujet.  Il ne présente pas les avantages et les inconvénients de Facebook. Il nous raconte seulement comment le site a vu le jour, en adaptant à sa manière le livre de Ben Mezrich, La revanche d’un solitaire, la véritable histoire du fondateur de Facebook (2009) (The accidental billionaires : the founding of Facebook, a tale of sex, money, genius and betrayal(2009)). Libre adaptation en effet : les tribunaux ont en effet prouvé que Mark Zuckerberg a volé l’idée de Facebook aux jumeaux Winclevoss, pour qui il travaillait. Les jumeaux avaient le projet de créer un réseau social pour le campus d’Harvard. Sportifs de haut niveau, accaparés par les entrainements à l’épreuve olympique d’aviron de Pékin (où ils finirent d’ailleurs en sixième position), ils avaient besoin d’un informaticien compétent pour créer les pages et le fonctionnement de leur site. Ils ont donc engagé Mark Zuckerberg, qui les a bernés jusqu’à la création de son site, d’abord appelé Facemash, puis Thefacebook et enfin Facebook tel que nous le connaissons aujourd’hui. A la tête d’une fortune de plusieurs milliards de dollars, il est devenu le plus jeune milliardaire de l’Histoire, et Facebook compte à ce jour plus de 600 millions d’abonnés.
Pour ma part, j’ai beaucoup aimé l’esthétique du film, très sobre mais très efficace. Fincher ne joue pas dans le grand spectacle blockbuster. Certes, certains lieux sont entendus d’avance dans le genre bling bling (notamment, la scène où les protagonistes discutent de l’extension de Facebook en Europe, la scène se passant à une table d’une boite de nuit, ou alors la luxueuse villa achetée par les héros dans la banlieue de Los Angeles, d’un genre un peu prétentieux), mais en fait, on se rend compte au fur et à mesure du film que c’est pour montrer le changement de vie de Zuckerberg, qui, au début, vit cloitré dans sa chambre ou dans les amphis de Harvard, et qui s’ouvre petit à petit au monde. En cela, c’est bien vu de la part du réalisateur, et cela ajoute une touche d’exotisme discret qui est la bienvenue.
Contrairement à ce que laissait entendre la rumeur à sa sortie, le film de Fincher ne prend pas parti pour ou contre Facebook. Il raconte juste l’histoire de la chute de l’antihéros, involontaire et impitoyable. Un très bon film.



The social Network, de David Fincher, 2010